À chaque année, lorsque commence la saison agricole, de nombreuses petites fermes inondent les médias sociaux de photos de vaillantes agricultrices et de fiers agriculteurs dans une serre ou dans un champ, en plein travail. Et, de plus en plus, la dimension écologique de notre travail est mise de l'avant dans plusieurs de ces publications. Or, il n'est pas toujours facile de savoir ce qui constitue un engagement écologique réel et ce qui relève plutôt de l'écoblanchiment.
Dans le cas du maraîchage, nous avons l'immense chance d'avoir au Québec le réseau des fermiers et des fermières de famille qui pratiquent une agriculture résolument écologique et solidaire. On peut notamment citer la CAPÉ, la Coopérative pour une Agriculture de Proximité Écologique. Elle possède par exemple un volet recherche et développement qui lui permet de créer des outils peu ou pas motorisés adaptés à son type de maraîchage. Ainsi, la CAPÉ favorise des pratiques agricoles qui nécessitent plus de bras (donc qui créent plus d'emplois), mais qui dépendent moins des énergies fossiles.
En apiculture, il est plus difficile de s'y retrouver, mais la première chose à considérer si l'on veut un miel issu de pratiques apicoles moins dommageables pour l'environnement est d'acheter local. On sait comment sont produits les miels au Québec, mais ce n'est pas toujours le cas quand un miel vient d'ailleurs.
Notre rucher principal, dans la Matawinie.
On peut également opter pour un miel certifié biologique. En effet, cette certification se base sur l'application d'un cahier des charges strict visant à assurer la santé des colonies d'abeilles. En bio, on n'est par exemple pas censé mettre des ruches sur un site où elles manqueraient de nourriture pendant la belle saison. On favorise ainsi une alimentation naturelle des colonies plutôt que le recours aux suppléments alimentaires.
Il n'en demeure pas moins que la certification biologique vise avant tout à assurer l'innocuité des produits certifiés. Pour un miel, ce sera par exemple le fait que les colonies qui l'ont produit n'ont pas été exposées à de vastes étendues de pesticides (au Québec, les monocultures de maïs et de soya principalement). Mais la certification ne prend pas en compte la dépendance aux énergies fossiles. Il s'agit pourtant de la principale source de pollution générée par notre activité. Pour se dire écologique, une ferme apicole doit pourtant considérer la pollution générée par ses activités.
Chez Alexis et Propolis, nous avons eu la chance de créer notre entreprise dans un contexte où la question climatique commençait à être discutée. C'est la raison pour laquelle nous avons pensé notre modèle d'affaires sur le fait de ne pas posséder de camion. C'est bien simple: fabriquer un tel véhicule pollue énormément, alors nous avons réfléchi à la manière de mener à bien nos activités sans en avoir besoin continuellement. Plutôt, nous empruntons un pick-up à quelques reprises dans la saison, les rares fois où nous devons déplacer nos ruches. Par ailleurs, ces dernières se trouvent toutes dans un rayon de moins de 10km, ce qui limite radicalement les déplacements nécessaires pour s'occuper des colonies. Ce modèle n'est pas parfait, mais il a le mérite de générer significativement moins de pollution.
Il ne s'agit bien sûr pas du seul facteur à considérer pour parler d'apiculture écologique: un recours raisonné et limité aux technologies numériques, ou encore la minimisation des impacts reliés à la construction des bâtiments agricoles sont également des occasions de faire preuve de sobriété énergétique. Et n'oublions pas que, parfois, le travail agricole exige que nous fassions des choix plus ou moins écologiques, mais qui nous évitent l'épuisement ou encore qui nous permettent de gagner mieux notre vie. Le cas échéant, il faut simplement faire preuve de transparence envers notre clientèle.